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Le Golem
--> Isaac Bashevis Singer
L'histoire d'un golem dont le coeur de pierre deviendra un coeur d'or.

Prague. XVI ème siècle. Les juifs sont opprimés par les chrétiens et accusés à tort des pires méfaits (dont celui de kidnapper des enfants, les tuer, et mélanger leur sang aux matzot, pains azymes). Un jour le comte Bratislawski, féru de jeux d'argent, perd une fortune aux jeux. N'ayant pas d'argent, ayant déjà tout perdu aux jeux, il ira demander au célèbre banquier juif Reb Eliezer de lui avancer l'argent. Le banquier refusera, rappelant au comte que celui-ci lui doit déjà énormément d'argent. Il ne reste alors plus qu'une solution au comte : toucher l'héritage que sa femme décédée a légué à sa jeune fille, qu'elle n'est censé percevoir qu'à sa majorité. Bratislawski accusera alors Reb Eliezer d'avoir tué sa fille pour mélanger son sang à la pâte des matzot, dans l'espoir que, le Juif condamné et la fille décrétée comme morte, il pourra toucher l'héritage. Reb Eliezer aura beau se défendre, expliquer que de nombreux témoins peuvent prouver qu'il était chez lui au moment de la disparition de la jeune fille, le juge n'en aura que faire. L'affaire semble entendue jusqu'au jour où Rabbi Leib, célèbre rabbin de Prague, homme humble et généreux, recevra la visite d'un envoyé de Dieu qui lui dira de créer un Golem à partir de terre glaise et d'y graver un mot sacré pour lui donner vie. Rabbi Leib s'exécutera et le Golem prendra vie. Sa mission est de protéger le peuple Juif de Prague. Mais, petit à petit, il commencera à éprouver des sentiments, à s'éveiller, à aimer, à devenir un humain.

Cette oeuvre, écrite par Isaac Bashevis Singer, prix Nobel de littérature 1978, est un conte pour enfants. Le style y est simple et clair. Les personnages et les situations ne présentent que peu d'ambiguïtés et on reconnaît du premier coup d'oeil les bons des méchants.

Le thème s'inspire bien évidemment de la légende du Golem juif, être artificiel fait d'argile. De plus Rabbi Leib se rapproche de Rabbi Leow, rabbin de Prague du seizième siècle, impliqué, selon certaines légendes, dans la création du Golem.

Ce conte mêle donc inspiration sacrée, religieuse, et fantastique.

Le livre peut se décomposer en deux parties : le cas de Reb Eliezer, son procès dont l'issue sera influencée par le Golem, et l'éveil du Golem qui se transformera petit à petit en humain.

La première partie est la moins poétique des deux, et aussi la plus manichéenne : les bons restent bons et sont sauvés, et les méchants le restent et sont punis. La deuxième partie est plus poétique et touchante, en cela que le comportement du Golem ne peut qu'émouvoir. On s'attache à cet être fait d'argile dont on aura voulu abuser de manière égoïste, qui s'éveillera et découvrira le monde différemment, adoptant cette attitude candide des petits enfants. De plus la fin triste et émouvante, qui laisse planer un mystère, fait que le Golem touche définitivement notre coeur.

Néanmoins il manque selon moi plusieurs choses à ce texte pour en faire un chef d'oeuvre. Tout d'abord le côté manichéen est assez agaçant : tous les Juifs sont des personnes gentilles, pieuses, humbles et généreuses, alors que la plupart des Chrétiens sont des êtres méchants et égoïstes. En outre, ne m'y connaissant pas tellement en religion, et encore moins en judaïsme, les nombreuses références et citations tirées du Talmud ne m'ont pas spécialement touchées, bien que je ne doute pas de leur efficacité sur de jeunes enfants juifs (rappelons que ce conte, comme nombre des autres oeuvres de l'auteur, a été initialement écrit en yiddisch). Enfin le Golem, et surtout son éveil, n'est pas assez marqué : sur les 70 pages (pour l'édition Seuil), seules les 20 dernières sont consacrées à cet être si touchant qu'est le Golem. C'est peu. Trop peu. Et quel dommage quand on voit avec quelle efficacité l'auteur parvient à nous toucher et à nous émouvoir grâce à ce golem.

Au final ce récit qui n'est pas exempte de défauts, loin de là, n'en est pas moins un très joli conte. On peut penser que son efficacité n'est pas totale car il s'adresse initialement à un jeune publique de confession juive.

Finissons cette note par un pied de nez, signé de l'auteur du Golem, Isaac Bashevis Singer : Il existe cinq cents raisons pour lesquelles j'ai commencé à écrire pour les enfants [...] : Les enfants lisent les livres, pas les critiques. Les critiques, ils s'en moquent.
Ecrit par Neko, le Lundi 28 Août 2006, 14:55 dans la rubrique Lectures.