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L'Ecume des Jours
--> Boris Vian

Un bonbon doux et acide, qu'on finit l'esprit un peu ailleurs...

Colin mène la belle vie : il est jeune, beau, très riche, il vit dans une grande maison avec son cuisinier, il ne travaille pas. Un jour, Colin rencontre Chloé. Les deux jeunes gens tombent amoureux, se marient et partent en voyage de noces. Mais Chloé tombe soudain malade... C'est une histoire d'amour qui peut sembler banale, voire un peu superficielle - comme l'écume sur la vague. Vian en fait un bijou de poésie.

Le monde de Colin et Chloé est complètement absurde et fantaisiste ; on crée des cocktails en jouant une mélodie au piano, on attrape les anguilles lorsqu'elles viennent manger du dentifrice à l'ananas en passant par les robinets ; on peut admirer un paysage d'été ou un paysage d'hiver selon qu'on regarde d'un côté de la route ou de l'autre.

Dans ce monde, tout est vivant (comme dirait Victor). Les souris dansent au son des rayons de soleil qui frappent les robinets brillants. Le cuir des semelles et les vitres des fenêtres poussent avec un peu d'eau et d'engrais. Les maisons s'assombrissent et rétrecissent lorsque leur propriétaire est malade. Et puis, il y règne aussi une poésie amère et cruelle. Les nénuphars y sont mortels, les canons de fusils poussent grâce à la chaleur humaine, la mort imminente de quelqu'un est annoncée à sa famille par un fonctionnaire vêtu de noir, comme un huissier viendrait annoncer la saisie prochaine de leurs biens.

C'est dans cet univers déroutant qu'évoluent les personnages de Boris Vian, des personnages tellement égoïstes et peu profonds qu'ils en sont humains et émouvants. On pourrait chercher dans ce livre toutes sortes de symboles, de significations cachées, sur le sens de la vie, les relations entre les hommes, l'amour, la religion... On peut aussi se laisser bercer par cette histoire douce et cruelle, et savourer ce récit à la langue inattendue, pleine de jeux de mots et d'images rares. On peut lire ce livre comme on lirait un recueil de poésie, ou comme on plongerait de l'autre côté du miroir, vers un endroit imaginaire et terriblement réel.

Ecrit par Sacha, le Samedi 21 Octobre 2006, 12:03 dans la rubrique Lectures.