Les derniers jours d'Arthur Rimbaud, relatés dans le journal fictif de sa soeur, Isabelle...
1891. Arthur Rimbaud, après avoir vécu des années en Afrique, doit rentrer en France. Il est atteint d'une tumeur à la jambe, et est amputé dans un hôpital de Marseille. Lui qui a fui sa famille pendant toutes ces années de voyage, de commerce et de trafics, est contraint de revenir dans sa maison natale, à Charleville dans les Ardennes, une région qu'il déteste car elle l'a longtemps emprisonnée. Là, il retrouve sa mère, une femme froide et lointaine qui ne semble pas vraiment l'aimer, et sa soeur cadette Isabelle, qui l'admire et devient sa confidente.
Celui qui, dans sa jeunesse, avait été un poète prodige, puis un aventurier, n'est plus que l'ombre d'un homme. Il souffre en permanence de sa jambe amputée, délire, attend la mort et maudit ses proches, puis se bat contre la douleur et tente de donner le change en affirmant qu'il est guéri et qu'il veut repartir, et en réclamant de pouvoir sortir et respirer l'air du dehors. Mais la maladie se généralise. Bientôt, Rimbaud retourne à Marseille avec sa soeur, pour être soigné. Il y meurt le 10 novembre, et son corps est rapatrié à Charleville. Il est enterré avec la plus grande discretion, dans une terre dont il a toujours eu horreur.
Les jours fragiles est le récit des derniers mois de la vie de Rimbaud. La narratrice, Isabelle, décrit au jour le jour l'état de son frère, ses paroles, les relations tendues au sein de leur famille et ses réflexions sur sa propre vie. Grande admiratrice du poète, elle envie également le voyageur inlassable, elle qui n'a jamais quitté sa ville natale. Mais elle voit surtout en lui son frère, à qui elle en veut de l'avoir laissée derrière lui, d'avoir abandonné sa famille. Elle est persuadée qu'elle restera vieille fille, et elle sait qu'elle ne connaîtra jamais les pays lointains qu'Arthur a visité.
Dans une langue très simple, assez classique, elle fait le portrait d'une sorte de fantôme ; ce n'est plus un jeune poète insouciant, il y a bien longtemps qu'il n'a plus fait de vers. Il est brutal, égoïste, cynique, mais il se rend compte de sa dépendance vis-à-vis de sa soeur. Malade, il souffre continuellement mais il aspire encore à retourner en Afrique.
Au fil de cette agonie de plusieurs mois, Philippe Besson, à travers les mots d'Isabelle, fait la peinture d'êtres cassés, brisés, qui aspirent chacun à une certaine forme de liberté. C'est poignant, cruel, et c'est très beau.
Commentaires :
Belle note, il faudra que tu me passes ce livre un de ces jours !
Les dates sont réelles (retour à Charleville puis à Marseille), les évènements familiaux aussi (décès d'une petite soeur), et Besson a intercalé des extraits de lettres que Rimbaud et sa soeur ont écrit pendant cette période... Pour le reste, les paroles et les réflexions, je suppose que c'est sorti de l'imaginaire de l'auteur !