Condamné à mort et emprisonné à la prison de Bicêtre en attendant son exécution, un homme rédige le journal de ses derniers jours à vivre...
En écrivant ce livre en 1829, Victor Hugo n'a qu'un but : montrer toute l'horreur de la peine de mort, afin de concourir à son abolition. Mais au lieu d'un traité ou d'un essai, il va écrire le journal fictif d'un condamné, pour que le lecteur vive avec le narrateur son insupportable situation.
Au fil de 49 courts chapitres, celui-ci revient sur le jour de sa condamnation, et parle de sa vie dans sa cellule. Il décrit les conditions dans lesquelles les forçats sont ferrés pour partir aux galères, après avoir été traité quasiment comme des animaux. Enfin, il couche sur le papier toutes ses réflexions sur sa situation et son état d'esprit, oscillant continuellement entre la terreur, l'espoir, le dégoût, l'horreur... Aux moments d'abattement succèdent des passages qui décrivent le bonheur de pouvoir goûter, une minute de plus, à la lumière du soleil (on pense au film Sophie Scholl, les derniers jours), puis le désespoir de mourir en laissant une mère, une épouse et une fille. De sa petite Marie, le narrateur parlera à plusieurs reprises, montrant qu'au-delà de son propre malheur, l'exécution va provoquer le malheur de toute sa famille.
La critique de la peine de mort s'appuie alors sur plusieurs éléments : tout d'abord, l'inhumanité d'une situation qui emprisonne l'esprit du condamné dans la seule certitude de sa mort prochaine. L'absurdité d'un système judiciaire qui utilise pour punir le même acte qu'elle punit, le meurtre. L'injustice d'une peine qui, en plus de condamner un coupable, punit en même temps sa famille innocente, et la laisse déshonorée et démunie. Enfin, la barbarie de l'exécution, qui est pour le peuple un spectacle.
Du Condamné, on ne sait ni le nom, ni l'âge, ni le crime ; il pourrait être n'importe qui. Hugo a voulu ainsi "élaguer de toutes parts dans son sujet le contingent, l'accident, le particulier, le spécial, le relatif, le modifiable, l'épisode, l'anecdote, l'évènement, le nom propre et se borner (si c'est là se borner) à plaider la cause d'un condamné quelconque, exécuté un jour quelconque pour un crime quelconque." (Préface de 1832) Il a, en ôtant tout signe distinctif à son narrateur, rendu son récit universel.