Description d'un combat
--> Franz Kafka
Une des plus anciennes oeuvres connues de Franz Kafka.
Une soirée chez une dame, en compagnie d'autres personnes. Une rencontre avec un homme bizarre. Une promenade dans l'hiver et la ville. Une course, un voyage. Une rencontre avec un homme, le gros, énorme et massif, porté par quatres personnes qui vont se noyer. Le discours du gros, qui parlent de sa rencontre avec un étrange homme en prière, qui pour prier cogne sa tête contre le sol de l'église. Le discours de l'homme en prière. Fin du discours de l'homme en prière. Fin du discours du gros. Fin du récit.
D'une étrangeté déroutante (bien plus encore que La métamorphose), ce livre laisse perplexe, et demande une lecture attentive.
Que ce soit au niveau de la construction, de la narration, des personnages ou des évènements racontés, tout est bizarre, incohérent, étrange, illogique. Et pourtant tout semble lié, tout avance comme si c'était normal.
Plusieurs questions viennent à l'esprit à la lecture de ce texte :
La première étant "Tout cela est-il bien réel ?". Difficile de répondre. Les évènements sont racontés comme n'importe quels autres évènements normaux, et semblent donc bien réel. Le point de vue interne, les réactions du personnage par rapport à ce qui se passe, tout semble réel. Et pourtant. Ce qui est raconté est tellement invraisemblable. Tellement extraordinaire que cela ne peut être possible : le simple personnage du gros n'est pas réaliste, son poids est bien trop important, sa masse, sa chair qui pend, tout cela est bien trop excessif pour être réel. Et cette course dans la nature, ce paysage qui se modifie selon le désir du narrateur ! De plus la dernière partie du texte se rapporte au début, à la rencontre entre le narrateur et l'autre homme à la soirée, comme si tout ce qui était raconté avant n'existait pas. Le doute est donc présent. Toute cette oeuvre est peut-être iréelle, représentant l'intérieur torturé d'un seul être.
Une deuxième question peut être posée lors des discours du gros et de l'homme en prière : Qui parle ? La mise en abîme du dialogue est poussée à son paroxysme : le narrateur rapporte les paroles du gros qui rapporte les paroles de l'homme en prière qui rapporte lui-même d'autres paroles. De plus lorsque le gros parle de ce qu'il a fait il ne semble plus aussi gros, énorme, et, lui qui avait besoin de porteurs pour se déplacer, semble se mouvoir avec aisance, comme s'il était quelqu'un d'autre. La confusion est accentuée par la première personne : chaque personnage (le narrateur, le gros, l'homme en prière) parle à la première personne, et un "Je" peut donc renvoyer à plusieurs personnes. Voulue ou pas il n'empêche que cette confusion mélange tous les personnages, comme s'ils n'en formaient qu'un seul.
J'en reviens donc à mon idée d'intérieur d'un seul être. Le titre, Description d'un combat, fait référence à un unique combat, or le nombre de personnages et d'évènements racontés est important. On peut donc supposer que les différents personnages ne représente que les différentes facettes d'un seul et unique être. Son aspect physique (le gros), son attitude par rapport au regard des gens (l'homme en prière), l'homme montré à la société (l'homme rencontré à la soirée au début de l'oeuvre), etc. Le narrateur pouvant être assimilé au véritable être, un être perdu, qui se cherche, qui se découvre, qui s'observe et s'écoute.
On retrouve aussi plusieurs fois dans cette oeuvre des passages qui parlent d'un monde en suspension : plus rien ne semble bouger, comme si tout était fixe, immobile, empêtré. Le personnage principal est englouti du fait de cette immobilité, et ce n'est que dans le mouvement (la course) et le changement (les changements du paysage), loin de toute société qui l'empêche d'être tel qu'il est, qu'il se plaira.
Ce texte peut être vu comme une oeuvre cathartique : Kafka semble s'inspecter par l'écrit, se mettre à nu pour mieux s'observer et agir en conséquence.
Mais ce texte, bien que personnel, peut toucher tout le monde, car une fois de plus le style kafkaïen sert magnifiquement bien l'oeuvre, entraînant le lecteur dans son intérieur, le dégoûtant, l'abrutissant, le calmant, et, bien entendu, le déroutant.
Une soirée chez une dame, en compagnie d'autres personnes. Une rencontre avec un homme bizarre. Une promenade dans l'hiver et la ville. Une course, un voyage. Une rencontre avec un homme, le gros, énorme et massif, porté par quatres personnes qui vont se noyer. Le discours du gros, qui parlent de sa rencontre avec un étrange homme en prière, qui pour prier cogne sa tête contre le sol de l'église. Le discours de l'homme en prière. Fin du discours de l'homme en prière. Fin du discours du gros. Fin du récit.
D'une étrangeté déroutante (bien plus encore que La métamorphose), ce livre laisse perplexe, et demande une lecture attentive.
Que ce soit au niveau de la construction, de la narration, des personnages ou des évènements racontés, tout est bizarre, incohérent, étrange, illogique. Et pourtant tout semble lié, tout avance comme si c'était normal.
Plusieurs questions viennent à l'esprit à la lecture de ce texte :
La première étant "Tout cela est-il bien réel ?". Difficile de répondre. Les évènements sont racontés comme n'importe quels autres évènements normaux, et semblent donc bien réel. Le point de vue interne, les réactions du personnage par rapport à ce qui se passe, tout semble réel. Et pourtant. Ce qui est raconté est tellement invraisemblable. Tellement extraordinaire que cela ne peut être possible : le simple personnage du gros n'est pas réaliste, son poids est bien trop important, sa masse, sa chair qui pend, tout cela est bien trop excessif pour être réel. Et cette course dans la nature, ce paysage qui se modifie selon le désir du narrateur ! De plus la dernière partie du texte se rapporte au début, à la rencontre entre le narrateur et l'autre homme à la soirée, comme si tout ce qui était raconté avant n'existait pas. Le doute est donc présent. Toute cette oeuvre est peut-être iréelle, représentant l'intérieur torturé d'un seul être.
Une deuxième question peut être posée lors des discours du gros et de l'homme en prière : Qui parle ? La mise en abîme du dialogue est poussée à son paroxysme : le narrateur rapporte les paroles du gros qui rapporte les paroles de l'homme en prière qui rapporte lui-même d'autres paroles. De plus lorsque le gros parle de ce qu'il a fait il ne semble plus aussi gros, énorme, et, lui qui avait besoin de porteurs pour se déplacer, semble se mouvoir avec aisance, comme s'il était quelqu'un d'autre. La confusion est accentuée par la première personne : chaque personnage (le narrateur, le gros, l'homme en prière) parle à la première personne, et un "Je" peut donc renvoyer à plusieurs personnes. Voulue ou pas il n'empêche que cette confusion mélange tous les personnages, comme s'ils n'en formaient qu'un seul.
J'en reviens donc à mon idée d'intérieur d'un seul être. Le titre, Description d'un combat, fait référence à un unique combat, or le nombre de personnages et d'évènements racontés est important. On peut donc supposer que les différents personnages ne représente que les différentes facettes d'un seul et unique être. Son aspect physique (le gros), son attitude par rapport au regard des gens (l'homme en prière), l'homme montré à la société (l'homme rencontré à la soirée au début de l'oeuvre), etc. Le narrateur pouvant être assimilé au véritable être, un être perdu, qui se cherche, qui se découvre, qui s'observe et s'écoute.
On retrouve aussi plusieurs fois dans cette oeuvre des passages qui parlent d'un monde en suspension : plus rien ne semble bouger, comme si tout était fixe, immobile, empêtré. Le personnage principal est englouti du fait de cette immobilité, et ce n'est que dans le mouvement (la course) et le changement (les changements du paysage), loin de toute société qui l'empêche d'être tel qu'il est, qu'il se plaira.
Ce texte peut être vu comme une oeuvre cathartique : Kafka semble s'inspecter par l'écrit, se mettre à nu pour mieux s'observer et agir en conséquence.
Mais ce texte, bien que personnel, peut toucher tout le monde, car une fois de plus le style kafkaïen sert magnifiquement bien l'oeuvre, entraînant le lecteur dans son intérieur, le dégoûtant, l'abrutissant, le calmant, et, bien entendu, le déroutant.