Orphée, un célèbre poète, adulé autant qu'il est détesté, croise une femme étrange, la Princesse...
Obsédé par cette rencontre, il tente de reprendre contact avec elle et délaisse sa femme Eurydice. Mais la Princesse, jalouse, provoque la mort de cette dernière. Orphée découvre alors que la Princesse est en fait la Mort, ou plutôt sa Mort : une fonctionnaire du tribunal des Enfers, chargée de surveiller puis de faire mourir les personnes dont elle est responsable, et dont il fait partie. Pour retrouver sa femme, mais aussi pour revoir la Princesse, Orphée traverse un miroir, porte de la zone, "un no man's land entre la vie et la mort". Au terme d'un procès, Eurydice est autorisée à revenir dans le monde des vivants... mais le poète n'a plus la droit de la regarder.
Du mythe antique réactualisé, Cocteau a fait un film culte (paraît-il, car je ne l'ai pas vu) dans lequel Jean Marais a le rôle principal. Le livre Orphée contient en fait tous les dialogues de ce film, ainsi que les indications de déplacements, de décors et de mise en scène. Cela s'apparente à une pièce de théâtre, dans laquelle l'esthétique aurait une très grande importance (la plus grande majorité du texte étant les indications de jeu...).
C'est une histoire un peu surréalise, un peu absurde, mais qui, pour Cocteau, ne contient "ni symbole, ni thèse". C'est juste une histoire, qui montre "le plus vrai que le vrai", et non la réalité, qui propose un regard déconcertant sur un mythe bien connu, sur l'amour, la mort, la création, avec des dialogues adorablement désuets (et très "jeanmaraisques"...)
Etrange, en fait.